L’Etat de siège décrété dans la province du Nord-Kivu et celle de l’Ituri depuis mai dernier suscite plusieurs réactions de la part des congolais. Si d’une part, certains pensent que le gouvernement doit le suspendre suite à son improductivité, d’autre part, ceux-ci demandent autorités compétentes de maintenir l’Etat de siège tout en l’améliorant.
Les habitants du Nord-Kivu étaient contents de la promulgation de l’Etat de siège dans la province du Nord-Kivu. Cela, parce que la zone fait face à plusieurs groupes armés qui devraient être anéantis pour avoir endeuillé les familles des années durant. Mais, pour être franc, malgré le temps que l’Etat de siège a pris dans la région, le résultat reste moins satisfaisants par rapport aux attentes de la population, comme l’indique certains citoyens de Beni. « Pour moi, avant Etat de siège égale après Etat de siège», fait savoir J.H, habitant de Beni. Agriculteur de son état, ce dernier croyait qu’avec l’avènement de l’Etat de siège, les ADF (Allied Democratic Forces) qui font la loi dans son champ situé dans le secteur de Ruwenzori seraient jusqu’à présent neutralisé.
«Suite à la famine, mon grand frère était rentré dans notre champ qui se trouve dans le village de Kikura (Beni territoire en secteur de Ruwenzori) pour y chercher de quoi nourrir toute la famille, surtout que nous vivons ici à Beni ville dans une famille d’accueil, incapable de nous nourrir. Par malchance, il vient d’y être tué par les hommes armés. Son corps a été retrouvé parmi 20 personnes retrouvées mortes sur le lieu », explique-t-il tristement en ajoutant que l’armée doit se démener pour restaurer la paix dans cette partie du pays. .
La traque ADF se poursuit
D’après le porte-parole du secteur opérationnel SOKOLA 1, le Capitaine Anthony Mwalushay, le gouvernement, à travers son armée, fait un grand travail sur terrain, malgré que nombreux parmi les habitants de la région, tentent de réduire à zéro tous les efforts fournies par les FARDC dans la traque ADF : « depuis le début de l’Etat de siège, une centaine de combattants ADF ont déjà été neutralisés par notre armée, sans compter les otages détenus dans nos cachots et dans la prison centrale. En plus des ADF neutralisés, plusieurs centaines de leurs collaborateurs ont déjà été arrêtés, parmi lesquels 13 chefs coutumiers qui servent des béquilles permettant ainsi aux ADF d’opérer très facilement dans la zone», explique les porte-parole. Il demande par la suite, aux populations de collaborer étroitement avec les FARDC afin de faciliter la traque contre les ADF.
Pour le Major Mak Hazukay, porte-parole des opérations conjointes FARDC-UPDF (Uganda people’s defense) forces, c’est toujours dans le souci de protéger ses populations et pacifier la région de Beni et de l’Ituri que le gouvernement mutualise aujourd’hui ses forces avec celle de l’Ouganda à travers l’UPDF : « le résultat de cette mutualisation est de plus en plus positive sur le champ de bataille. Plusieurs bastions ADF viennent d’être récupérer par l’armée loyaliste».
La traque contre les ADF porte ses fruits
C’est sûr que les avancées sont significatives, confirment quelques habitants qui relancent petit à petit leurs activités champêtres dans les milieux occupés par les ADF il y a quelques années: « mon champ se trouve à Kididiwe (entité située à une dizaine de Kilomètres au Nord-est de la ville de Beni), ancien bastion ADF où les FARDC viennent d’ériger un camp aujourd’hui pour notre sécurité. Désormais, je cultive tranquillement mon champ ici alors qu’on ne pouvait pas y mettre nos pieds sans être égorgé», insiste-t-il.
Pour la société civile locale, l’Etat de siège a sa raison d’être instauré dans la région, parce que les groupes armés négatifs y pullulent des décennies durant. Néanmoins, le malaise causé par ce régime réside du fait que l’insécurité et les tueries persistent : « le gouvernement doit redynamiser l’Etat de siège afin de rendre ses animateurs plus performants », dit Me Pepin Kavota, avocat et président de la société civile de Beni ville et territoire. Il explique ensuite que l’article 85 de la Constitution prévoit que le président proclame l’Etat de siège lors des circonstances graves et immédiates qui touchent l’intégrité du territoire national. Certes, c’est un régime de l’égalité qui renforce les pouvoirs des forces de l’ordre. Les autorités civiles sont remplacées par des autorités militaires : « les libertés publiques peuvent également être réduites dans ces régimes. Les autorités militaires peuvent dans ce cas perquisitionner les domiciles jour et nuit, interdire les réunions qui peuvent être considérées comme atteinte à l’ordre public », conclut-il en sollicitant aux manifestants anti-Etat de siège de respecter la loi tout le temps qu’ils réclament leurs droits.
Tony Agenonga & Rosette Vandrehyd (étudiants en FASIC à l’Université Officielle_UOS/Beni)