Pourquoi imposer le taux « Mbikayi » dans les universités ?

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Il existe des choses qui ne sont possibles qu’en RDC. Par exemple, le ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire, Steve Mbikayi, a fixé le taux de 920 francs congolais pour un dollar américain en milieu universitaire, alors que sur le marché réel le taux varie entre 1600 et 1700 francs congolais le dollar. Une situation qui met en difficulté beaucoup d’institutions d’enseignement supérieur et universitaire en RDC. Le ministre ignore-t-il les réalités économiques du pays ?

En réalité, le taux « Mbikayi » comme on l’appelle désormais divise les comités de gestion des universités. Les uns refusent d’appliquer ce taux imposé de 920 francs le dollar, ce qui crée des retards dans leurs programmes, d’autres par contre ont fini par céder après « quelques menaces ». Non seulement cette mesure du ministre a déjà perturbé le calendrier universitaire, mais elle risque aussi d’affecter la qualité de l’enseignement. Récemment, certains professeurs ont menacé de faire grève pour protester contre le taux fixé par Steve Mbikayi.

À Beni au Nord-Kivu par exemple, quatre des cinq institutions universitaires publiques ont déjà accepté la condition de payer leurs frais au taux de 920 FC le dollar américain pour l’année académique 2017-2018.  Mais derrière cette résignation se cache une menace à peine voilée du gouvernement. « On nous a collé plusieurs blâmes et demandes d’explication nous accusant d’insubordination », explique l’un des responsables des institutions publiques de la place. Ces gestionnaires ne veulent pas démissionner de peur de se retrouver au chômage. En swahili on dit : « Moya na zero si sawa », en français, « 0 et 1 ce n’est jamais pareil » !

Une mesure pour séduire les étudiants, mais à quel prix ?

Il y a un risque énorme de détérioration de la qualité de l’enseignement due à la décision du ministre Steve Mbikayi. Je m’insurge contre cela. C’est inacceptable pour un enseignant qui gagne 4800 FC équivalent à 3 $ au taux du marché pour une heure de prestation, d’empocher 2760FC équivalent à 3$ au « taux Mbikayi ». Une situation qui pousse certains enseignants à recourir à des pratiques illégales telles que revendre plus cher les syllabus ou autres combines pour combler l’écart. Ne dit-on pas que ventre affamé n’a point d’oreille ? Il est à craindre qu’à ce prix là ils enseignent avec moins de zèle qu’avant.

Un assistant à l’Institut supérieur pédagogique de Beni se plaint : « Cela fait sept ans que je suis enseignant, mon nom n’a jamais figuré sur la liste de paie au niveau national. Avec nombreux de mes collègues, nous survivons grâce à la prime locale, malheureusement mise à mal par le ministre. » Pour moi, le gouvernement ferait mieux d’annuler rapidement cette décision du ministre car c’est une décision politique qui crée plus de problèmes qu’elle n’en résout.

Par Mustapha Mulonda

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