Dans le cadre de la mise en œuvre du Plan d’Action Sécuritaire (PAS), l’ONG La Benevolencija en partenariat avec le programme ESPER (Ensemble pour la Paix et la Sécurité à l’Est de la RDC), a ténu un débat public sur l’approche RBF (Financement basé sur le résultat) avec les acteurs étatiques, les membres de la société civile, les structures de la jeunesse ainsi que les cellules locales de sécurité (CLS). Ces assisses ont été tenues dans la salle de réunion du quartier Karisimbi le 12 juillet 2023. Là, les participants ont présenté un bilan positif depuis le lancement des activités relatives au RBF.
«C’est sûr qu’il y avait trop de tracasseries sur le plan administratif, dans l’administration communale, militaire et policière. Des agents qui étaient envoyés sur terrain pour y récolter les recettes de l’Etat, travaillaient majoritairement pour leur compte. Ils tracassaient terriblement les requérants dans le but de déclencher les arrangements particuliers, bénéfiques pour eux, au lieu de faire respecter la procédure administrative afin que l’argent récolté puisse être versé dans le trésor public au bénéfice de la ville », se souvient tristement Carlos-Martin Banamugi, Chargé de Mission de la Commune de Karisimbi et représentant du Bourgmestre dans ces assises. Il poursuit en disant que l’approche RBF est salutaire parce qu’elle corrige de plus en plus les erreurs du passé en matière de gestion: « Depuis l’arrivée des nouveaux animateurs, il y a un changement positif dans la gestion de la chose publique. Il faut dire que c’est aussi grâce aux formations et sensibilisations des des organisations partenaires au Gouvernement que ce changement devient possible».
Bancariser au lieu d’empocher
Madame Aimerance Wabingwa, présidente du Comité de Pilotage de développement dans le quartier Mabanga-Sud dit qu’elle a déjà reçu plusieurs formations dans le cadre de RBF. Grâce à ces acquis, l’an passé, elle a été mandatée dans la sensibilisation des agents de la police commis à la sécurité routière. Rencontré le commandant en ce temps, Il était très fâché contre elle, l’accusant de l’avoir donné des leçons sur une matière qu’il maitrisée mieux. «Heureusement pour moi, cinq mois après cet incident, le même commandant m’a invité dans son bureau afin de me présenter les bordereaux de versement bancaire appartenant aux chauffeurs. Ceux-ci paient désormais tout au guichet de la BCC (Banque Centrale du Congo) et non au bureau local de la PCR (Police de circulation routière)», se réjouit-elle, se rassurant que c’est depuis ce jour-là qu’elle a compris qu’elle ne prêchait pas dans le désert tout le temps qu’elle sensibilise.
Contacté, ce Commandant, dont nous préférons garder l’anonymat, fait savoir que les orientations faites dans ce sens, aident la PCR à se perfectionner: «le problème ne résidait pas seulement au niveau de la gestion d’argent, mais aussi au niveau éducationnel de nombreux de nos agents qui étaient commis dans des endroits chauds de la ville afin d’y réguler la circulation. Vous êtes témoins des vidéos qui circulaient sur la toile, publiant ainsi nos éléments en pleine tracasserie. Depuis un bon moment, ces vidéos devenues virales sur la toile, mettant en mal la réputation de la PCR, ne circulent presque plus. Cela prouve en suffisance qu’il y a un changement positif sur le terrain», fait-il savoir.
Le changement est possible
L’approche RBF est avantageuse pour la ville de Goma. Elle permet aux acteurs étatiques, aux mouvements de la jeunesse et aux structures de la société civile de comprendre qu’il est possible de mettre fin à l’insécurité de tout genre, en mettant fin à l’impunité, mais aussi aux banditismes urbains observés dans ville de Goma et particulièrement en Commune de Karisimbi. «La nouvelle administration pilotée par l’Etat de siège, soutenue par les formations dans le cadre RBF, combat de plus en plus le détournement des fonds de l’Etat. Quoique les brebis égarées ne manquent jamais, nombreux parmi les acteurs étatiques sont désormais partisans de la traçabilité de l’argent récolté sur terrain», informe Nzadi Vikayilwira, Chef de quartier Mabanga-Sud. Et de poursuivre, «nous avons beaucoup gagné dans le cadre de l’approche RBF. Le financement, malgré qu’important pour concrétiser nos activités, c’est plutôt le savoir-faire issu des formations pour le changement de comportement qui nous intéresse plus, surtout que même après le financement, nous serons capables de poursuivre la quête de paix et de cohabitation pacifique. Le changement est dans le mental et pas dans l’argent».
SNEL et la REGIDESO intéressées
Selon le chef de quartier, ce projet a un impact significatif. A chaque réunion, il y a des comptes-rendus sont partagés à toutes les instances. Parmi ces rapports, les coupures intempestives du courant électrique et la carence en eau potable, sont les deux maux également indiqués à la base de l’insécurité dans la commune de Karisimbi. Le manque de ces denrées expose les habitants de cette entité à plusieurs dangers, à savoir l’extorsion, le Kidnapping, le viol, etc. D’une part, les bandits opérerent nuitamment grâce à l’obscurité, sans inquiétude; et d’autre part, les habitants du coin se réveillent vers 4 heures du matin pour aller puiser l’eau au Lac Kivu ou dans d’autres communes. Ce tableau sombre de la REGIDESO et de la SNEL est peint par Aimerance Wabingwa. «REGIDESO et SNEL avaient l’habitude de priver le courant et l’eau à la population, mais à la fin du mois, elles viennent avec des factures forfaitaires. Ainsi, nous sommes allés voir les responsables de ces services en guise de plaidoyer. Ces visites portent petit à petit ses fruits. La REGIDESO par exemple, a pour la première fois raccordé en eau potable depuis la dernière éruption volcanique, la partie nord de notre commune», dit-elle en ajoutant que c’est vraiment une joie immense de voir qu’à travers les formations et les soutiens financiers du RBF, toutes les réclamations sont faites pacifiquement, sans violences.
Cohésion réussie entre partenaires
Ce projet a contribué même à la sécurité physique des populations de la Commune Karisimbi. Il a accompagné même la matérialisation du Plan d’action de sécurité, selon le Chef de quartier Mabanga-Sud. Ce Plan vise, non seulement à appréhender les semeurs des troubles et les remettre devant la justice, mais aussi, opte pour la l’encadrement de ces insoumis qui peuvent encore devenir des bons citoyens. Par exemple, les travaux de construction du bureau de la commune connait la participation des enfants de la rue, communément appelés Maibobo. Une manière pour nous, non seulement de former ces jeunes désœuvrés, mais aussi de les amener dans le prochain jour, à être indépendants dans le cadre de l’auto-prise en charge. «Ces jeunes qui étaient dangereux dans la communauté sont occupés présentement toute la journée. Ils n’ont plus le temps d’aller voler comme d’habitude. La prime journalière qu’ils reçoivent permet à ceux-ci de comprendre que seul le travail procurer l’indépendance à l’homme», explique le Chef de quartier Mabanga-sud.
Même le phénomène 40 voleurs diminue sensiblement, renchérit Rodrigue Manegabe, Président de la jeunesse Mabanga-Sud: «ces bandits sans pitié qui nous ont endeuillé et cambriolé ont presque disparu. Nous disons merci aux agents de sécurité avec qui nous travaillons dans le cadre d’appréhender ces bandits munis des machettes et fusils. Aussi, nous disons merci à nos partenaires dans le cadre de ce projet prend en charge les actions de rapprochement entre nous et les autorités étatiques, à travers des matchs amicaux de football, etc.», fait-il savoir.
Mustapha Mulonda