Un débat public a été organisé le 04 août 2023 pour rapprocher les petits commerçants transfrontaliers aux agents commis aux frontières entre la RDC et le Rwanda à Goma. Ces commerçants ont informés sur les documents migratoires. Ces assises étaient également une occasion pour ceux-ci de parler sans tabous des difficultés qui affectent leurs activités commerciales, avant de bénéficier des réponses claires fournies par les autorités frontalières.
« Manque d’informations suffisantes sur les documents migratoires lors de la traversée des frontières de la RDC et du Rwanda dans la région des Grands-lacs», c’est la thématique développée lors du débat qui a connu la participation active des prestataires de la justice, des agents des services étatiques etc. Au cours de ces échanges tenus à Goma le 05 août 2023, plusieurs informations sur les attitudes à prendre, mais aussi sur les documents importants à détenir lors de la traversée au niveau de la frontière ont été rendus publics afin de mettre fin aux différends récurrents qui existent entre les agents des services frontaliers et les petits commerçants transfrontaliers.
Présents dans la salle, les membres des associations des hommes et femmes ainsi que les personnes vivant avec handicap exerçant le petit commerce transfrontalier s’indignent de la tracasserie dont elles font face quelques fois au niveau du poste frontalier de la petite barrière. «Heureusement, dit Brigitte Kisuba, présidente de l’association des femmes exercant le petit commerce à la petite barrière, pour nous, nous avons une Clinique juridique qui nous accompagne en cas de difficulté avec les agents de l’ordre commis à la frontière. Grâce à ce soutien, les cas de tracasseries ont sensiblement diminué. Néanmoins, il y a toujours quelques agents incontrôlés qui ternissent l’image de l’Etat congolais en nous imposant quelques taxes illégales avant de traverser».
La DGM éclaire l’opinion
Répondant à cette préoccupation, David Muganza, Chef de Bureau chargé de garde de frontière à l’Etat-major provincial à la Direction Générale de Migration (DGM/Goma), fait savoir que dans chaque institution, il ne manque pas des semeurs de trouble, mais notre Service a toujours été ouvert pour recevoir les doléances de tout congolais qui se sent lésé au niveau de la frontière : « les présidents de vos associations ici présents savent combien nous sanctionnons nos agents appréhendés dans la tracasserie. Aussi, il faut savoir que la faute de ces incompréhensions enregistrées au niveau de la frontière n’incombe pas seulement à nos agents, elles sont causées aussi et surtout par nos partenaires commerçants, par manque d’informations sur les documents migratoires à exhiber lors qu’ils veulent traverser», insiste-t-il, avant d’expliquer à l’audience, les principaux documents migratoires réclamés par la DGM.
Documents exigés par la DGM
Avant tout, explique David Muganza la DGM s’occupe de la surveillance des mouvements des nationaux et des étrangers au niveau des frontières, des aéroports, des ports, mais aussi à l’intérieur de la ville. Et, cette surveillance se fait autour d’un contrôle systémique de l’authenticité de la Carte d’identité, du passeport, du laissez-passer tenant lieu de passeport pour adultes et pour enfants et la Carte de circulation CPGL valide pour les trois pays de la communauté des pays économiques de Grands-lacs. Chaque document cité exige les photos passeports pour que l’image du demandeur reste dans les bases des données de la DGM, mais aussi placée sur le document du demandeur.
Ensuite, il y a un problème qui oppose souvent les personnes traversent au DGM. C’est la problématique de faire traverser un mineur. « Les parents pensent que c’est de leur droit de traverser avec les enfants. Mais, il faut savoir que ce droit est restreint pour éviter les trafics et les kidnappings des enfants, devenus récurrents non seulement à Goma, mais partout au monde. C’est ainsi que nous exigeons l’autorisation parentale, indiquant le motif de déplacement de l’enfant à chaque adulte qui se présente avec un mineur», informe-t-il en ajoutant que cette démarche a déjà sauvé plusieurs enfants, dont après la rupture, l’un des conjoints tentent de s’enfuir avec les enfants.
«Accès à la justice » devenu utile
«Uhaki Bila Mipaka » est un projet qui aide les petits commerçants transfrontaliers à prester sans assez de difficultés. Paul Mutemberezi est membre de l’Association des handicapés physiques Tuungane (AHPT). Il affirme que grâce aux formations et informations qu’il a reçu des différents partenaires, il est capable s’en sortir indemne face aux manœuvres des faux taxateurs: «c’était compliqué avant. Il suffisait d’apercevoir un vrai ou un faux taxateur de loin pour préparer déjà quelques billets en guise de solliciter le passage. Mais aujourd’hui grâce à ce Projet de rapprochement, nous connaissons désormais nos droits. Et, après la rencontre d’aujourd’hui, nous allons, comme d’habitude, nous efforcer d’être en ordre avec la loi en détenant tous les documents nécessaires exigés par les services de Migration», promet Paul Mutemberezi, affirmant d’ailleurs que le Programme a déjà rendu disponible un numéro vert qui leur permet de remonter des plaintes en cas des difficultés.
Rappelons que cette activité s’inscrit dans le cadre de la campagne de plaidoyer médiatique du Projet « Uhaki Bila Mipaka » ou « Accès à la justice » mis en œuvre par IPeace. Pour Arsène Manegabe, Chef du projet, fait savoir que la Clinique juridique qui fonctionne en ce sens joue à la fois un rôle de plaidoirie et de pédagogie, s’appuyant sur la méthode participative. C’est-à-dire, après une controverse entre un commerçant et un agent commis à la frontière, l’écoute de tous les parties en conflit est évidente. Si notre partenaire a raison, nous préférons régler le dossier à l’amiable. Au cas où il a tort, nous sollicitons une séance pélagique dans laquelle l’agent aura à démontrer les erreurs commises et voir comment les éviter prochainement. Si et seulement si le dossier dépasse notre compétence, nous disponibilisons un avocat qualifiés pour accompagner le dossier devant les cours et tribunaux.
Mustapha Mulonda